PostHeaderIcon Si on parlait laïcité

Parler de laïcité, c’est avant tout se contraindre à en connaître l’histoire. Ce concept est somme toute relativement récent puisque postérieur à la République. A partir de là on peut discuter de savoir si le risque d’en faire un dogme existe, mais ce risque n’est- il pas surtout évoqué que par ceux qui ignorent ce qu’est réellement la laïcité, méconnaissent ce concept, à moins qu’ils n’en fussent ses ennemis objectifs.

Il est dangereux en matière de « valeurs républicaines » de faire croire qu’il s’agit de simples idées contestables sous prétexte de réflexion démocratique. Démocratie et laïcité sont étroitement interdépendants l’un de l’autre, mais à trop manipuler des termes évidents, on risque de les affaiblir.

Il ne s’agit pas de faire de la laïcité un « dogme », laissons ce mot aux églises et aux intégrismes qui brouillent leur message premier, au grand regret des penseurs laïques.

Il s’agit de conserver des « bases fondamentales » claires et objectives qui sont les piliers de l’édifice Républicain. Sinon on pourrait aussi bien considérer comme « dogmatique » la devise républicaine « Liberté-Égalité-Fraternité » et décider que chacun des trois éléments est un « dogme » qui mérite discussion.

Par principe et par essence, la Laïcité, c’est l’acceptation des dogmes et leur mise en débat pour faire œuvre de pédagogie envers les esprits dogmatiques, alors que les dogmes ont pour particularité de mettre en question-et non en débat- les principes fondamentaux de la laïcité.

Il serait par ailleurs regrettable d’opposer laïcité et liberté puisque les deux se nourrissent de l’autre.  Et d’ailleurs, dès lors qu’il est besoin de l’évoquer, n’est-il pas plus intéressant de parler de pensée laïque, par opposition à la pensée dogmatique que de laïcité et dogmatisme ? Laïcité et dogmatisme n’existent pas à l’état naturel, ils sont des formes de construction de la pensée humaine, et peuvent devenir les conséquences de sa dérive.

La laïcité, c’est la liberté d’avoir une opinion. Mais pour la faire respecter, il faut beaucoup de pédagogie. Attention à ne pas se revendiquer laïque seulement pour confronter un bouc émissaire…

En conclusion, Il faut faire comprendre la laïcité plutôt que la poser comme un principe, sinon on en fait un dogme. Il faut se dire qu’elle n’est pas la propriété des laïques ni des antis laïques, mais un fondement, il faut se dire que laïque n’est pas un adjectif quelconque que l’on accole à un mot, car dans ce cas-là on l’isole de ses fondements.

Pour faire avancer l’idée de laïcité, ou plutôt de pensée laïque, il faut peut-être tout simplement reprendre un des piliers de la pensée d’Edgard Morin en mettant en œuvre les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur : lutter contre les cécités de la connaissance, l’erreur et l’illusion. Revisiter les principes d’une connaissance pertinente, enseigner la condition humaine, enseigner l’identité terrienne, affronter les incertitudes, enseigner la compréhension, enseigner l’éthique du genre humain, et tout cela pas par des leçons de morale, mais en la laissant se former dans les esprits à partir de la conscience que l’humain est à la fois individu, partie de la société et partie d’une espèce.

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